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L'essor des énergies renouvelables : quels impacts pour les acteurs de l'électricité ?

Nous en entendons parler quotidiennement, la transition énergétique est le défi que notre génération doit relever. Le gouvernement, les entreprises tout comme les consommateurs ont commencé à s’engager sur cette voie.

La programmation pluriannuelle de l’énergie reflète le changement profond des mentalités à l’égard de ces enjeux et fixe des objectifs ambitieux : les énergies renouvelables devront représenter 27% du mix énergétique en 2023 et au moins 33% en 2028, là où en 2019, elles couvraient 23% de la consommation électrique française.

C’est donc la transformation de tout un secteur qui s’accélère sous nos yeux.

Mais concrètement, comment l’arrivée massive des énergies renouvelables impacte-t-elle le secteur de l’électricité ?

I. Le paysage des producteurs bouleversé par de nouveaux acteurs
 

Les producteurs historiques voient arriver de nouveaux acteurs, qui surfent sur les opportunités que représente l’arrivée des EnR, et profitent d’un marché ouvert à la concurrence mais dont l’équilibre technico-économique dépend encore beaucoup des mécanismes de subvention et des évolutions règlementaires.

  • De nombreuses PME, entreprises indépendantes, avec une forte attache territoriale bénéficient du soutien des régions ;
  • Des partenariats publics-privés permettent aux collectivités et aux établissements de recherches publics de développer des projets en s’associant à des industriels ;
  • Des micro-producteurs, entreprises ou particuliers, qui revendent tout ou partie de leur production
  • De nouveaux entrants étrangers, souvent détenteurs de fortes expériences dans le domaine des renouvelables
Dans ce contexte, les producteurs historiques ont engagé une démarche de diversification, en investissant dans la production d’énergies renouvelables. Ce nouveau positionnement passe par des réorganisations profondes comme le montre le projet « Hercule » discuté en ce moment chez EDF. Un peu sur le modèle déjà éprouvé par EON en Allemagne, il s’agit de trouver l’organisation optimale pour faire cohabiter ses activités historiques nucléaires et ses activités renouvelables qui sont complémentaires mais relèvent de logiques de marché différentes. 
 
II. Un défi technique et économique pour RTE, le transporteur national
 
L’électricité ne se stockant qu’en petite quantité, ce qui est produit doit être consommé. RTE est en charge d’équilibrer la production et la consommation, et doit garantir l’accès à l’électricité en continu.
Rappelons que les énergies renouvelables (énergie solaire, éolien, …) sont dites intermittentes, c’est-à-dire que leur production n’est pas continue et dépend des conditions climatiques.
 
RTE imagine des solutions pour optimiser le pilotage du réseau, et bénéficier de plus de flexibilité tout en assurant la sécurité électrique.
 
Le défi posé par les EnR se situe à 4 niveaux : 
  • Dans son travail de projection de la production électrique : RTE doit composer avec le caractère intermittent des EnR pour trouver le plus juste l’équilibre entre production et consommation,
  • Dans son activité de conduite du réseau : les zones de production ne correspondent pas toujours aux zones de consommation. L’électricité doit donc être acheminée vers les foyers de consommation,
  • Dans la modernisation de son modèle industriel : l’optimisation du pilotage du réseau passe par la mesure en temps réel des flux transitant sur le réseau. Cela est rendu possible grâce aux apports des nouvelles technologies (capteurs, data, solutions de stockage, …),
  • Dans sa relation avec les producteurs : en cas de surproduction, RTE peut avoir besoin d’interrompre la production d’un parc. Ce cas de figure doit être couvert par un contrat pour garantir la rémunération du producteur malgré ces aléas.

III. Le nouveau postionnement des distributeurs 

Comme RTE, les distributeurs sont des acteurs de réseau. Ils ont notamment la charge du développement et de l’exploitation du réseau entre le réseau de transport et les habitations et entreprises. 
 
Avec l’arrivée des énergies renouvelables, les distributeurs voient leur activité de raccordement évoluer :
  • D’une part, cette activité s’intensifie du fait du nombre croissant de « petits producteurs ». 95% des sites de production en énergies renouvelables sont raccordés au réseau de distribution d’Enedis ; 
  • D’autre part, les distributeurs doivent faire face à un changement de paradigme : alors que le réseau de distribution servait uniquement à acheminer l’électricité jusqu’au consommateur, il doit désormais permettre aux petits producteurs d’injecter leur production. Cela implique une évolution du réseau vers plus d’intelligence, c’est-à-dire l’utilisation des technologies numériques pour améliorer la coordination des producteurs décentralisés, (quantités injectées au regard de la consommation) et les prévisions de production.

IV. Un élément de différenciation pour les fournisseurs

Ce sont les fournisseurs d’électricité, ou commercialisateurs, qui sont liés contractuellement aux consommateurs résidentiels. 

Sur le marché, les offres d’électricité verte se multiplient. Les variantes sont nombreuses : l'offre décarbonnée, qui s’appuie sur le mix énergétique français, l’offre verte appuyée par de simples garanties d’origine, l'offre locale promettant un lien direct avec un champ éolien ou solaire spécifiquement identifié… 

Les nouveaux entrants et singulièrement quelques acteurs de niche, se montrent créatifs en matière de proposition d'offre verte. Ils sont favorisés par l’évolution des comportements des clients qui sont de plus en plus sensibles à la qualité environnementale de leur énergie et sont de plus en plus volontiers prêts à changer de fournisseurs grâce à des parcours de souscription simples et digitalisés.

Pour tirer leur épingle du jeu, les fournisseurs historiques doivent se montrer créatifs et réactifs malgré leur image, leur taille, leur organisation et leur système d’information.

V. Les EnR restructurent la chaîne de valeur de l'électricité

Les énergies renouvelables impactent l’intégralité des acteurs de la chaine de valeur de l’électricité : 

  • Aux extrémités, les producteurs et les fournisseurs voient l’émergence de nouveaux acteurs et de nouveaux modèles,
  • Pour les opérateurs de réseau, l’impact est à la fois technique et technologique puisqu’ils doivent exercer leur mission en tenant compte de nouvelles contraintes.
Pour que les filières continuent à se structurer, l’Etat a un rôle clé à jouer en fixant les règles du jeu grâce à son pouvoir réglementaire et en assurant les financements nécessaires pour permettre l'amorçage des filières jusqu'à l'arrivée à maturité. Ce rôle est vertueux à la double condition que cette action soit transparente et prévisible pour permettre aux investisseurs de se positionner et que les mécanismes de financements permettent le fléchage vers les projets les plus prometteurs.

 

Sources :

https://www.rte-france.com/

https://www.enedis.fr/sites/default/files/Dossier_smart_grids.pdf

 

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