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Blockchain

Blockchain, pourquoi tant de buzz ?

 

La Blockchain, une architecture distribuée génératrice de confiance 

 

La Blockchain fait de plus en plus parler d’elle. Technologie sous-jacente à la crypto-monnaie Bitcoin, la « chaîne de blocs » est un protocole doté d’une architecture distribuée permettant d’opérer des transactions sécurisées et non répudiables en évitant les traditionnels tiers de confiance tels que les banques, les notaires ou encore les plateformes digitales.

 

Si l’on évoque souvent la Blockchain sous son angle Fintech, il faut garder à l’esprit que les transactions permises par le protocole peuvent être d’un tout autre ordre que financier. Ainsi, n’importe quel échange, nécessitant d’être validé et tracé, peut être effectué via la Blockchain. Ces échanges peuvent être, par exemple, matérialisés via des « smart-contracts ». Les smart-contracts sont de véritables accords entre les parties d’une transaction, dont les termes sont exécutés de manière automatique et sans action extérieure dès que les conditions de déclenchement sont réunies.

 

Afin d’assurer la sécurité des échanges, chaque transaction fait l’objet d’une validation par des « mineurs ». Pour assurer qu’un « bien » ne fasse pas l’objet de deux transactions en parallèle, une course est lancée entre les « mineurs » présents sur les nœuds du réseau distribué afin de valider un bloc de transactions. Cette course consiste en la résolution d’un problème « mathématiques ». Par principe de construction, la probabilité qu’un bloc soit alors validé par 2 mineurs de manière simultanée est quasi-nulle. Une fois validé, le bloc s’ajoute à la chaîne de blocs (en réalité, une ligne est ajoutée à un registre) qui est instantanément partagée entre les différents nœuds du réseau. Ce registre, du fait de son existence de manière concomitante sur tous les nœuds du réseau, devient « infalsifiable » : il faudrait compromettre tous les nœuds du réseau de manière simultanée – techniquement impossible même si le risque est accru si une même entité possède plus de 50% des nœuds. Enfin, chaque transaction intègre son propre historique garantissant ainsi son intégrité. Pour toutes ses raisons, la blockchain est dite « génératrice de confiance ».

 

Une capacité de désintermédiation à même de remettre en cause l’économie des plateformes

 

Si Internet tel que nous le connaissons a permis l’essor des plateformes digitales décentralisées telles que Blablacar, Uber, AirBnb et les réseaux sociaux, la Blockchain pourrait bien fragiliser ces colosses mais également les tiers de confiance « physiques » (Etat, Notaires, etc.). Son adoption aura des impacts dans de nombreux secteurs : transport, banque et assurance, e-commerce, professions juridiques. Déjà, de nombreux services « blockchainisés » émergent dans des domaines variés (La ‘Zooz pour le covoiturage, Ftopia pour le stockage cloud, Blockverify pour lutter contre la contrefaçon) et la liste s’allonge chaque jour.

 

En théorie, l’architecture Blockchain pourrait se substituer à n’importe quel tiers de confiance ayant pour rôle de valider et assurer la non répudiabilité d’une transaction. Du point de vue des clients de ces services, on parlera plutôt d’un changement de modèle qui « redonne du pouvoir » à l’utilisateur en lui permettant d’utiliser des services sans faire de compromis : éviter de payer des frais administratifs ou des taxes sur des transactions, divulguer certaines de ses données personnelles à des fins publicitaires en contrepartie d’une remise tarifaire ou même d’une gratuité.

 

Mais si l’arrivée de la Blockchain peut constituer une menace économique pour certains acteurs, elle représente également une opportunité pour d’autres. Dans tous les cas, il est aujourd’hui prématuré d’anticiper les implications de cette technologie sur le tissu économique dans son ensemble. Il faut ainsi garder la tête froide : pour le moment, rien ne dit qu’elle remettra en cause des services comme Uber ou AirBnb qui capitalisent sur un savoir-faire algorithmique et une masse de données héritées de plusieurs années d’existence et de R&D. Il y a aujourd’hui de véritables barrières à l’entrée pour qui voudra les faire sortir du marché, Blockchain ou pas.

 

Les pouvoirs publics se saisissent de la question de la Blockchain 

 

Dans l’espace public, la Blockchain aura aussi des impacts. Cependant, il est encore difficile de savoir dans quelle mesure elle pourra dynamiser la relation que peut avoir l’État ou les collectivités territoriales avec leurs administrés. Pour autant, force est de constater que les pouvoirs publics s’intéressent à la question : une commission parlementaire a récemment été consacrée à la Blockchain avec en sous-titre la thématique suivante : « Blockchain, disruption et opportunités ».

 

L’objectif du colloque était avant tout de sensibiliser les parlementaires et hauts fonctionnaires à la « transformation numérique induite par cette nouvelle technologie ». L’occasion sans doute de rappeler que des services émergent et que de nombreux pays s’y intéressent.

 

De manière plus concrète, le ministère de l’économie et des finances a récemment ouvert des expérimentations autour de la Blockchain, par exemple au sein du marché des bons de caisse (à cheval entre les prêts et les obligations, les bons de caisse sont des placements à terme qui peuvent être effectués auprès de l’État). Or les modes de financement participatifs ont donné un nouveau souffle à ce type de prêts appréciés des PME. Aussi, selon Blockchain France, cette expérimentation est l’occasion pour les pouvoirs publics d’ « avancer sur le terrain de la dématérialisation de cet outil de financement (…) avec en ligne de mire un financement plus souple pour les PME ».

 

Dans d’autres pays, la Blockchain est également en passe d’appuyer l’État dans ses missions de service public. Au Honduras et au Ghana par exemple, la Blockchain permet le suivi des titres fonciers. En Tunisie, La Poste a tissé un partenariat avec la start-up suisse Monetas afin de créer un système de paiement virtuel en e-dinar.

 

L’Estonie fait figure de « laboratoire » de la Blockchain. Le pays a créé une « nationalité numérique » qui peut être utilisée sur la plateforme Bitnation pour signer différents types de contrats « régaliens » (acte de mariage, certificat de naissance) ou des contrats commerciaux.

 

Un potentiel qui demande à être testé grandeur nature mais dans un cadre légal encore inexistant

 

On l’aura compris, la Blockchain est en bonne voie pour accompagner Internet dans la « digitalisation » des échanges aussi bien dans le secteur privé que public. En accentuant l’autonomie des utilisateurs, le protocole pourrait également renforcer l’auto-administration des biens et des services, réduire un certain nombre de postes de coûts et améliorer l’efficience générale de l’économie.

 

En revanche, que ce soit pour les banques, les ministères ou les collectivités, les tests grandeur nature sont encore compliqués à mettre en place, faute d’un cadre légal. C’est d’ailleurs l’une des recommandations de Blockchain France, qui préconise notamment de renforcer les efforts en matière de R&D et de définir et sécuriser un cadre législatif adapté à l’écosystème.

 

Enfin, la question de l’interopérabilité des systèmes devra être garantie pour permettre l’émergence de normes à même de satisfaire les acteurs institutionnels et l’intérêt collectif. S’il faut encourager les expérimentations, il faut aussi réaliser que pour l’instant, l’avenir de cette technologie n’est pas encore scellé dans un bloc encrypté, il faudra donc apprendre en marchant.

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